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Tuesday 23 March 2010

Yellow Sky, William A. Wellman, USA, 1948

Les films rêvés surgissent au moment où on ne les attend pas. A 20h40 sur une chaîne câblée? Pourquoi pas. Longtemps, enfant on a pas trop aimé les westerns, parce que l'on était sans doute déjà trop snob, et que ces films là c'était pour les brutes des préaux. Et puis on s'est fait prendre aux pièges des totems: s'endormir au coin du feu, siffler du whisky en compagnie d'un vieux qui taquine son harmonica, manger des beans avec des cuillères en bois, marquer des vaches au fer rouge, descendre un new comer en duel au comptoir du saloon, tomber amoureux d'une pute, buter des indiens, rafler la mise au poker, faire du cheval au crépuscule, débarquer dans une ville inconnue, mourir en plein soleil...
Il y a un peu de tout ça dans
Yellow Sky, mais il y a surtout beaucoup moins. Less is more comme disait l'autre et Wellman va procéder par soustraction pour ce western qui tient surtout du huit clos claustrophobe on the edge, c'est à dire à la frontière, du film noir, du film fantastique. Un décors, quelques personnages, le noir et blanc plutôt que la couleur, un soleil aussi menaçant que les ténèbres: il n'en faut pas plus à William A. Wellman (qui signe ici sans doute son meilleur film avec A Star is Born) pour nous raconter une histoire primaire et légendaire: une bande de pillards (dirigeé par Gregory Peck et son acolyte le malveillant Richard Widmark) prend la fuite après s'être fait une banque. Ils doivent traverser un désert: la chaleur et la soif les consument à petit feu, et alors qu'ils allaient mordre la poussière complètement desséchés, une ville surgit à l'horizon tel un mirage, un oasis: Yellow Sky, ghost town dévastée. On ne quittera plus ce cimetière à ciel ouvert dans lequel errent une fille en jean avec un fusil (Anne Baxter) et son grand père. Que font-ils là? Les pillards le découvriront vite et vont s'entre-tuer pour séduire la fille et leur ravir leur secret. On peut évidemment décider qu'ils sont tous mort et que Yellow Sky est leur purgatoire. Dieu n'a pas encore statué sur leur sort et les met une dernière fois à l'épreuve: que faire d'une femme? La violer ou l'épouser? que faire d'une mine d'or? la voler ou la partager ? Faire le bien ou faire le mal? A l'issue de ce western chrétien qui navigue quelque part entre le Trésor de la Sierra Madre et Raining in the Mountain, Dieu (le viel homme donc) et son bras droit la justice (sa petite fille armée) enverront comme il se doit les bons au paradis et les méchants en enfer. L'amour triomphe et La ville abandonnée (titre français) peut désormais se transformer en jardin d'Eden. Hallelujah!

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